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Carlos Marx ou Carl Diaz ? ” La fable du fuyard et du mondialiste “

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J’ai rencontré Carlos pour la première fois en 2000. De 3 ans plus jeune que moi, sa petite agence limousine m’avait tapé dans l’œil tout de suite, mais je crois me souvenir que le projet de progiciel de portail web que j’étais venu lui présenter lui avait tapé dans l’œil aussi. Son talent évident m’avait accroché pour de bon et il n’est jamais sorti complètement de mon radar, de peur de rater un truc énorme.

Mais sa création de loin la plus géniale, la plus désintéressée et la plus révolutionnaire fut incontestablement le lancement des pigeons. Je sais Carlos que tu aurais préféré une IPO d’un milliard :)

Moi je suis un affectif, un affectif fier même. Aussi je ne n’oublie jamais de rappeler que Carlos s’est adressé à moi très tôt dans sa conquête de la volière. J’ai été le 12ème pigeon-likeur. Sans avoir ni sa faconde ni son charisme, j’ai trouvé dans cette guérilla digitale quelques-uns de mes plus grands succès sur Twitter et sur mes blogs. Je me souviens d’avoir eu des posts lus par des milliers de personnes ! Merci donc Carlos !

Le hug de San Francisco, plus fort que le vase de Soisson et la révocation de l’Edit de Nantes !

Le Président Hollande étreignant Carlos (et il faut avoir le bras long, je sais, j’ai essayé), dépasse largement l’orbite ordinaire du protocole présidentiel en temps de paix. Sérieusement, ce geste compte déjà dans l’histoire économique de la France. Je ne serai pas surpris qu’il figure demain dans les livres d’histoire comme le jour où un Président français a décidé de renouer avec l’innovation et le progrès, assassinés par Jospin et dont Chirac a prononcé l’oraison. Les 10 années suivantes n’ont pas eu d’intérêt, jusqu’au hug de San Francisco on le sait maintenant.

Tout ça pour vous dire que mon sang n’a fait qu’un tour quand Jean-Luc Mélenchon, le traitre contre l’histoire de France, le satyre de la République qui ne rêve que de la prendre par surprise un soir où elle est un peu éméchée - mais après tout on fait ce que l’on a - a traité le susdit Carlos Diaz de conspirateur, et pire encore de fuyard.

Moi qui suis un pigeon de la première heure, donc, je ne résiste pas aujourd’hui à l’envie étouffée pendant 10 ans de raconter ma petite histoire de mondialiste décomplexé. Elle est connue de quelques pentaloguiens et d’un contrôleur fiscal venu visiter Pentalog peu de temps après la parution de mes blog posts susmentionnés d’une part, et après que ma bobine ne soit sortie un peu plus régulièrement dans la presse locale. Je pense bien sûr qu’il n’y a là qu’un pur effet de coïncidence, un peu comme une aurore boréale dans ma salle de bain au mois d’août.

Je ne sais pas pour Carlos, mais moi c’est Martine Aubry qui m’a convaincu qu’il faudrait penser à se développer ailleurs. Je vendais des heures de conseil et on me disait que du jour au lendemain, j’en vendrai 11% de moins, sans compensation ! ça m’a fait réfléchir. J’ai même fait une lettre au Préfet, qui a disparu malheureusement, dans laquelle j’annonçais péremptoirement, du haut de mes 28 ans, que je ne créerais plus d’emploi en France si cette loi contre la nature passait. J’avais 25 employés en France sur Pentalog et je n’en ai pas un de plus aujourd’hui. ça c’est un peu un fait du hasard quand même, mais je pense que vous voyez tous l’idée. Je devrais chaque jour me tourner à midi vers Lille pour remercier Martine Aubry. Sa décision a durablement plongé mon secteur dans la déflation en France : les salaires ont augmenté beaucoup plus lentement que partout dans le monde et les marges des entreprises se sont tellement effondrées que les SSII françaises sont incapables d’investir. Très typique de l’histoire économique de la France après 1990.

 Je suis parti ailleurs donc, où j’ai trouvé des super conditions. J’ai aussi commencé à vendre des services à l’étranger (ce qu’aucune SSII française ne fait ou presque). Par contre je suis resté dans un schéma fiscal ultra-orthodoxe, favorable à la France, et j’ai rapporté depuis des fortunes en IS au pays. Fortunes que je n’aurais jamais générées en restant gentiment à Orléans. Nous avons maintenant des centaines d’employés dans ces pays. Les bénéfices ont été réinvestis en partie dans des sociétés françaises, qui en tout ont généré une centaine d’emploi (en Europe, dont 50 en France). Un tiers a été distribué aux associés (à 95% salariés) et la plus grosse partie a été réinvestie dans le développement de la boîte.

 Que ce soit Carlos ou moi, personne ne fuit et ne trahit dans cette histoire. Ce n’est pas ça du tout. Fondamentalement ça fait mal de passer le plus clair de l’année loin de ses parents, et de sa famille ! Et c’est une des conséquences les plus fâcheuses des piètres stratégies économiques des gouvernements passés que de nous avoir conduit à faire parfois le sacrifice du cœur ! Nous aurions largement préféré une France de la performance à une France des 35 heures, une France de l’export à une France du déficit, une France de combat plutôt qu’une France des Assedic ! Les entrepreneurs, mais aussi les jeunes salariés ne se retrouvent pas dans les débats de classes, de couleurs et de calotte que l’extrême gauche, l’extrême droite et la droite méchante partagent paradoxalement. C’est sont là des sujets tellement plus faciles que l’action en profondeur ! Les meilleurs des jeunes français ont tous compris que le vent de la liberté et de l’égalité souffle plus fort ailleurs. Quant à la fraternité ne croyez pas qu’elle soit plus faible parmi les français de l’autre côté de l’Atlantique, de la Manche ou du Rhin qu’à Neuilly ou à Hénin-Beaumont !

Je salue donc le courage du Président Hollande et surtout la fougue et l’audace de mon ami Carlos qui dans un sourire et un élan sincère a fait beaucoup plus depuis 2 ans que des décennies de verbiage compassé Medef-Gouvernement-CAC 40 ! Je salue aussi tous les entrepreneurs qu’ils soient partis tenter leur chance ailleurs ou ceux qui s’accrochent en France. Ils ont raison de le faire car ce combat n’est pas vain. Le politique commence à s’apercevoir que la parole de l’entrepreneuriat porte de plus en plus et qu’elle est aujourd’hui la seule capable de refonder une France innovante et conquérante.


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